Commentaires du questionnaire ...


A. Développement du tourisme

 

Introduction

 

A moins de 500 mètres à vol de colvert de la cathédrale d’Amiens, les hortillonnages comptent aujourd’hui incontestablement parmi les sites touristiques les plus visités de l’ancienne capitale régionale, avec la cathédrale puis le parc zoologique. Il suffit, pour s’en rendre compte, de passer dès que les beaux jours réapparaissent, devant la Maison des hortillonnages (1), boulevard Beauvillé, face au parc Saint-Pierre, non loin de la gare. De longues files de visiteurs attendent d’embarquer à bord de ces barques, belles et singulières, pour une découverte des lieux qui ne les laisseront guère indifférents.

Si les hortillonnages sont encore trop souvent présentés comme un site naturel, ils restent surtout, par leur histoire un élément du patrimoine culturel régional.

La transformation progressive des marais en terres cultivables (les « aires » de nos anciens hortillons) en amont d’Amiens, se traduira par un espace essentiellement productif, dédié à la culture maraîchère qui prendra le nom « d’hortillonnages » au XIXème siècle, période de sa pleine expansion.

 

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(1) Siège de l’Association pour la Protection et Sauvegarde… et lieu d’embarquement

 

 

 

 

Après une importante mutation amorcée dès le milieu du XXème siècle, suite à la disparition progressive des maraîchers, le site s’est transformé en une multitude de petites parcelles occupées par plus d’un millier de petits propriétaires qui y ont développé des jardins potagers ou des terrains de loisirs.

 

Les hortillonnages sont devenus par ailleurs un haut-lieu touristique, accueillant grâce aux offres de promenades au cœur du site, près de 200 ooo visiteurs lors de la haute saison.

 

 

Ils couvrent encore aujourd’hui 250 à 300 hectares dont plus du tiers en eau (étangs, marais, voies navigables), inégalement répartis sur quatre communes : Amiens, Rivery, Camon puis Longueau.

 

 



Aujourd’hui, le site des hortillonnages est devenu le lieu d’usages multiples (économiques, sociaux et culturels) qui n’est pas sans provoquer des tensions voire des conflits entre usagers. Les hortillonnages comme de nombreux sites touristiques sont victimes de leur succès.

Aujourd’hui, la « surfréquentation » du site est très certainement, sans être la seule, l’une de nos principales préoccupations. Ces dernières années, nous avons vu en effet se multiplier les offres de promenades en barque à l’intérieur du site, tant par des prestataires associatifs que par des prestataires privés.

 

Cette pratique lucrative se développe en l’absence de toute réglementation et sans le moindre cadrage, sans le moindre agrément et, qui plus est, sans la moindre concertation et l’assentiment des principaux concernés, à savoir les propriétaires des parcelles (majoritaires dans le site) qui en subissent les nuisances !

 

Faut-il rappeler ici que nos hortillonnages constituent un espace majoritairement privé : plus d’un millier de petits propriétaires qui, pour une grande partie d’entre eux, accèdent à leurs parcelles grâce à une servitude publique permettant une circulation libre sur les rieux déclarés « publics » inscrits dans le décret présidentiel de 1902 (1). (héritage des mesures prises pour assurer l’entretien et la sauvegarde du site occupé alors exclusivement par la communauté des hortillons ).

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(1) Plus précisément, certains rieux sont soumis à une servitude. Une servitude d’utilité publique constitue une limite au droit de propriété. Les limites au droit de propriété sont imposées par une administration publique dans le but de protéger l’intérêt général. Ici, elle permet aux propriétaires et locataires de parcelles d’accéder librement à leur terrain !

La libre circulation à l’intérieur du site a permis, de fait, le développement anarchique énoncé plus haut. Si on ne peut nier que la promotion touristique du site a été la principale motivation d’une association telle que celle qui intervient à la Maison des hortillonnages depuis 1975, soutenue d’ailleurs par les collectivités locales, on peut s’interroger sur la motivation des autres prestataires, notamment privés.

 

Par ailleurs, force est de constater que l’expansion du Festival « Art, ville et jardin » initié en 2010 par la Maison de la Culture d’Amiens (aujourd’hui géré par une association) dont on ne peut nier l’intérêt culturel et promotionnel, soulève aujourd’hui de vives réactions de la part des propriétaires concernés par l’extension du parcours…

Chaque année, lors de la haute saison, le long défilé, incessant, de barques empruntant les rieux à l'intérieur du site (Photo B. Bréart)



Réglementer les circuits touristiques ? Quelques pistes ?

Aujourd’hui, rien ne s’oppose à la circulation libre à l’intérieur du site sur les rieux dits « publics » (ce qui, au passage, permet aux propriétaires et locataires de parcelles d’accéder librement à leur terrain !)

La circulation sur les rieux dits « publics » à des fins touristiques pourrait être conditionnée par la délivrance au prestataire d’un agrément ou d’un arrêté ?. Sauf erreur de notre part, l’Etat ou les collectivités concernées (Amiens-Métropole, Camon, Rivery, Longueau) ont la capacité d’établir un tel agrément ou arrêté pour les rieux « publics » et les voies d’eau domaniales.

L’agrément serait délivré sur présentation d’un dossier déposé par le demandeur, pour une période donnée (éventuellement renouvelable ?).

Le rôle des associations est déterminant. Peut-être faudrait-il traiter différemment les prestataires associatifs et les prestataires privés, en fonction des investissements réels engagés dans la sauvegarde du site.

 

 

 

Pour les prestataires associatifs (bénévoles), ce dossier pourrait réunir les pièces suivantes : coordonnées du demandeur, statuts de l’association, bilan financier faisant apparaître les ressources provenant des activités, la contribution financière dédiée aux travaux d’entretien du site (taxe « ASCO ») et les actions menées (ou sommes investies) en faveur de la sauvegarde du site.

L’agrément pour les prestataires privés pourrait, en plus, être conditionné par le versement d’une compensation financière (par exemple un forfait annuel en plus de la taxe « ASCO ») pour contribuer aux travaux nécessaires pour assurer la sauvegarde du site. 

 

L’agrément serait assorti de la remise d’un cahier des charges (un code de bonne conduite ou une vraie « Charte » !) qui définirait, entre autres, les conditions de circulation à l’intérieur du site.