" De nos jours, la moindre parcelle de terre s’est imprégnée d’intelligence humaine…
le paysage tout entier a été sculpté et embelli par des générations de paysans "
René Dubos
Les Hortillonnages c'est avant tout un parcellaire singulier fait de longues et étroites parcelles de terre tourbeuse (les aires) ceintes de véritables petits canaux (les rieux) comparables aux chemins d'exploitation de nos grandes terres arables. Ici, l'hortillon accède à ses terres en barque et uniquement en barque (à l'exception des parcelles en périphérie ou le long du chemin du halage).
Pour comprendre le degré d'ingénuosité et la subtilité des travaux engagés il y a plusieurs siècles, il suffit de consulter la remarquable documentation fournie par les feuilles du cadastre napoléonien établies au XIXème (accessibles au service des archives départementales de la Somme). Voir tout particulièrement les sections suivantes :
Pour Amiens:
Section K (La Neuville): http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011261412571rxahZ9/1/1
Section K1: http://archives.somme.fr/ark:/58483/a0112614125716QQyaA/1/1
Section K2: http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011261412571C0I3lZ/1/1
Section K': http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011261412571vc9lBT/1/1
Section K5: http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011261412571UOUV45/1/1
Section K6: http://archives.somme.fr/ark:/58483/a0112614125717TJMEz/1/1
Pour Rivery:
Section C et partie de D: http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011261412568Oqtoam/1/1
Section D: http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011261412568dmU4Xn/1/1
Pour Camon:
Section G: http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011261412571C0fm82/1/1
Section H: http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011261412571w44J4S/1/1
Les étangs aux contours plus ou moins réguliers, qui "mitent" le site des hortillonnages et que l’on retrouve sous le nom « d’intailles » pour reprendre le mot picard qui les désigna, témoignent de l'exploitation très ancienne de la tourbe ici, comme d'ailleurs tout au long de la vallée de la Somme.
La tourbe est issue de la décomposition partielle des débris végétaux en milieux humides pauvres en oxygène. Elle fut utilisée dès le Moyen Age comme combustible en remplacement du bois devenu rare. Elle produisait peu de chaleur mais beaucoup de cendre. Son exploitation perdurera jusqu’au début du XXème siècle avant d’être remplacée par le charbon.
Elle éa longtemps été extraite par les hommes avec un outil appelé « louchet », une sorte de grande pelle "à aileron"
En 1786, Eloi Morel, natif de la Somme, améliora les performances de cet outil en l’équipant d’un très long manche et l’appela le grand louchet. Il permettait de dégager des pains de tourbe qui, une fois extraits, étaient coupés en briques, puis mis à sécher en tas (les catelets), pour être vendus...
Pour en savoir plus sur l'extraction et l'exploitation de la tourbe, on se reportera aux travaux menés sur le sujet par Lionel Bacquet à Long (Somme).
Site Web : http://bacquet.lionel.free.fr/frameset.html