" Notre planète possède tant de merveilles q"une seule vie et même plusieurs ne suffiraient pas à les connaître toutes. Certaines sont trop loin, trop difficiles d'accès. Mais il en est d'autres qui sont à notre portée et que, pourtant, souvent nous ignorons, simplement parce qu'elles ne nous ont pas été présentées..."

(Hubert Reeves)


En guise d'introduction

 

Avant d’être ce haut-lieu touristique qui attire aujourd’hui chaque année plus de 130 000 visiteurs, séduits par la  diversité de son environnement, aux portes de l'ancienne capitale régionale, le site des hortillonnages a bénéficié d’une notoriété incontestée pour la qualité des terres tourbeuses offrant des productions légumières et fruitières de premier choix.

Pas un ouvrage traitant d’agriculture ou d’horticulture, pas un traité de maraîchage édité au cours des trois derniers siècles  ne manque pas de faire référence aux hortillonnages, au courage des hortillons (et des hortillonnes)… .

 

N. de Bonnefond, auteur du « Jardinier françois » n’hésitait-il pas déjà à déclamer dès 1651 : « Les hortillons méritent véritablement d’être appelés les meilleurs et les plus curieux jardiniers pour les herbes potagères que tous les autres de toutes les provinces de France ... ».

 

Cette citation, que l'on retrouve souvent reprise dans les anciennes publications avec quelques variations, est ici empruntée à Pierre Dubois, puis René Debrie.

 


Une définition...

 

Parmi les nombreuses descriptions offertes par les auteurs du XIXème, nous retiendrons celle qu’en donna H. Baudrillart, membre de l’Institut, en 1888.

 

" On appelle hortillonnages les jardins maraîchers et fruitiers, qui s’étendent à l’est de la ville, entre les différents bras de la Somme et de l’Avre. Entourés d’eau, la plupart sont tout à fait inaccessibles par terre. Lorsqu’on voit se développer peu à peu cette région si étendue livrée à la culture maraîchère, on est comme émerveillé de la qualité innombrable des bras de rivières et de canaux, qui se croisent dans tous les sens, sillonnés constamment par les bateaux servant à l’exploitation de cet immense potager. Ces canaux des hortillonnages, qui étaient, dit-on, le théâtre chaque année, avant la Révolution, pendant la nuit du 25 août, d’une chasse aux cygnes exécutée aux flambeaux, ont encore aujourd’hui un air de fête par les belles nuits et les belles journées de l’été, lorsqu’on les voit parcourus par ces bateaux plats qui s’y rencontrent à la file par centaines. Avec leur cargaison de légumes et de fruits, ils glissent avec une légèreté incroyable sur l’eau qu’ils semblent à peine déplacer. Un homme, une femme, parfois un enfant, suffit à les guider d’une simple perche. Le convoi longe cette série interminable de jardins, qui forment eux-mêmes le plus agréable spectacle avec leurs tranquilles rivières, leurs bordures de saules et leurs îlots de peupliers. On accourt pour voir ces embarcations les jours de marché, arriver en foule par le port d’Amont, et se ranger avec agilité le long des quais…" 

 

 


Situation actuelle

 

 

Nul doute que le touriste invité à parcourir les lieux sera, dans un premier temps,  impressionné par l’environnement végétal et le milieu aquatique des hortillonnages, avant même qu’il ne prenne vraiment conscience de la charge historique des lieux.

 

Au hasard de cette promenade, après avoir été sensible à la beauté de ce paysage, peut-être sera-t-il attentif à la faune, pour peu qu’elle soit accessible et disposée à se laisser observer !  Par contre, Il lui sera difficile de mesurer l’étendue et l’immense diversité du peuplement vivant dans l’eau, à la surface de l’eau, sous et sur terre… Poissons, mollusques, insectes, mammifères, reptiles, oiseaux … ont trouvé là un habitat privilégié.

 

N’étant guère en capacité de dresser, dans le cadre de ces pages,  une étude exhaustive de cet environnement, nous nous nous limiterons à rappeler les quelques inventaires disponibles (et qu'il faudrait nécessairement revoir), en nous attardant, de manière aléatoire, sur quelques espèces, végétales et animales, directement accessibles au visiteur pourvu d’une paire de jumelles et … de patience !

Par contre, nous renverrons, grâce aux liens, vers d'autres sites spécifiques mieux documentés.

 

 

Parmi les documents intéressants à consulter, on conseillera la lecture du rapport fort bien documenté, publié par le Conservatoire des sites naturels de Picardie et édité en 2014 sur les ZNIEFF (zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique) et tout particulièrement le dossier consacré aux Marais de la Vallée de la Somme, entre Daours et Amiens. Site Webhttp://inpn.mnhn.fr/zone/znieff/220320028


Une variété de paysages

 

Les divers modes d’occupation du sol contemporains produisent une grande variété de paysages, Le site est devenu un véritable « patchwork » coloré et étonnant d’entités paysagères très contrastées.

Les terrains cultivés par les derniers maraîchers côtoient les jardins potagers et les terrains de loisirs où domine trop souvent le gazon ; certaines parcelles sont ourlées de berges fleuries offrant une large palette de couleurs, récompensées par un concours très prisé. Dans les secteurs abandonnés, se développent une  friche dense avec taillis et une grande variété d’arbres de hautes tiges (érables, chênes, tilleuls, noisetiers, etc). sans oublier bien entendu les espèces qui prospèrent dans ces milieux humides comme le peuplier, l’aulne et surtout le saule.

 

Une promenade le long du chemin de halage, si possible lors d'une belle journée d'automne, vous offrira une large palettes d'unités paysagères ...


Un refuge ornithologique

 

Nombre d’oiseaux ont trouvé là, dans les taillis, les futaies, les roselières… un habitat leur assurant protection et nourriture, puis, pour les espèces migrantes, un lieu de villégiature. Les passionnés d’ornithologie peuvent trouver là un vaste terrain d’étude.

Les inventaires, anciens (1991) et apparemment non réactualisés, dont nous disposons laissent apparaître un nombre relativement important d’espèces parmi lesquelles nous trouvons une grande variété de passereaux, des oiseaux de proie et, bien entendu,  toutes les espèces adaptées au milieu aquatique.

 

En 1991, à l’initiative du Syndicat Intercommunal pour l’Aménagement et la Sauvegarde des Hortillonnages (S.I.A.S.H.), une série d’observations ornithologiques a été engagée sur le site des hortillonnages, dans un secteur bien circonscrit, entre le Pont Beauvillé et l’Etang de Clermont (« Marais de la Herde ») (Source S.I.A.S.H., janvier 1992).

Près d'une centaine d'espèces avaient été répertoriées...

 

Accenteur mouchet
Alouette des champs
Bécassine des marais
Bergeronnette des ruisseaux
Bergeronnette grise
Bergeronnette printanière
Blongios nain
Bouscarle de Cetti
Bouvreuil pivoine
Bruant des roseaux
Busard Saint-Martin
Buse variable
Canard colvert
Canard siffleur
Canard souchet
Chardonneret élégant
Chevalier guignette
Choucas des tours
Chouette hulotte
Corbeau freux
Corneille noire
Coucou gris
Cygne tuberculé
Epervier d'Europe
Etourneau sansonnet
Faucon crécerelle
Faucon hobereau
Fauvette à tête noire
Fauvette babillarde
Fauvette des jardins
Foulque macroule
Fuligule milouin
Fuligule morillon
Garrot à œil d'or
Geai des chênes
Gobemouche gris
Goéland argenté
Goéland cendré
Grand cormoran
Grèbe castagneux
Grèbe huppé
Grimpereau des jardins
Grive draine
Grive litorne
Grive mauvis
Grive musicienne

Harle piette
Héron cendré
Hirondelle de fenêtre
Hirondelle de rivage
Hirondelle rustique
Linote mélodieuse
Martin pêcheur d'Europe
Martinet noir
Merle noir
Mésange à longue queue
Mésange bleue
Mésange boréale
Mésange charbonnière
Moineau domestique
Mouette rieuse
Phragmite des joncs
Pic épeiche
Pic épeichette
Pie bavarde
Pie grièche grise
Pigeon colombin
Pigeon ramier
Pinson des arbres
Pipit spioncelle
Pouillot fitis
Pouillot véloce
Poule d'eau
Râle d'eau
Roitelet huppé
Rossignol philomèle
Rougegorge familier
Rougequeue à front blanc
Rougequeue noir
Rouserole verderoile

Rousserole effarvatte
Rousserole turdoïde
Sarcelle d'été
Sarcelle d'hiver
Serin cini
Sitelle torchepot
Tarin des aulnes
Tourterelle des bois
Tourterelle turque
Troglodyte mignon
Vanneau huppé
Verdier d'Europe

 

 


 

Pour l'identification des espèces, nous vous conseillons de consulter le site web : http://www.oiseaux.net/


Un terrain de chasse (photographique !) privilégié...

 

Si vous ne souhaitez pas rentrer bredouille, vous préférerez les heures matinales pour saisir par exemple une image du héron. Il occupe le plus souvent les mêmes postes d'observation, le long des rives ou perché sur un saule...

Vous n'aurez aucune difficulté pour repérer colverts, poules d'eau, foulques, grèbes huppés et bien entendu les cygnes qui viendront, après chaque couvée, vous présenter leurs progénitures...


 

Vous ne confondrez plus la poule d’eau (au bec rouge, pointé de jaune) et la foulque (au bec pointé de blanc). A l’époque de leur nidification, vous verrez les nids habilement construits à l’aide de brindilles, à la surface de l’eau et amarrés au bord de la rive…



Une véritable réserve botanique

 

Nous ne sommes pas en capacité de proposer une étude exhaustive de la flore présente dans les hortillonnages. D’ailleurs les rares inventaires publiés dont nous disposons seraient à revoir… L’exercice qui suit se limite donc à la compilation de quelques travaux.

 

Ci-dessous: Métamorphoses végétales: une haie de jeunes saules en bordure de parcelle (le long du contre-fossé, parallèle au chemin de halage)

 


 

 

■  Les hortillonnages abritent une très grande diversité de plantes. Si Th. Rattel, en 1890 (1), se contente de signaler 74 plantes qu’il tire d’ailleurs de l’étude de Pauquy « Statistiques du département de la Somme » et de la Flore d’Eloy de Vicq, les botanistes de la fin du XIXème s’accordent pour reconnaître près de deux cents espèces repérées à Camon et Rivery, précisant au passage que « si la flore primitive est restée, dans les rieux, à peu près ce qu’elle était autrefois, il n’en (était) pas de même pour les terrains mis en cultures ».

(1)   une étude qui subit à l’époque les foudres de certains membres de la Société Linnéenne du Nord de la France

 

■ En 1995, Roger Roland nous propose dans sa publication « Au fil du rieu » une description personnelle et talentueuse des espèces sauvages rencontrées au cours d’une de ses promenades botaniques que nous nous contenterons d’énumérer.

  

• Sagittaire à feuilles en flèche (sagittaria sagittifolia)

• Douce amère (solanum dulcamara) 

• Mélilot élevé (mélilotus altissima),

• Petite lentille d’eau (lemna minor) (lentilles des marais, herbe à canard…)

• l’Hydrocharis mors de grenouille (hydrocharis morsus ranae)

• Grande consoude (symphytum officinale)

• Reine des Prés (filipendula ulmaria)

• Iris jaune (iris pseudacorus)

• Euphorbe petit cyprès (euphorbia cyparissias)

• Euphorbe réveil-matin (euphorbia helioscopia)

• Massettes à larges feuilles (typha latifolia)

• Myosotis des marais (myosotis palustris)

• Grande bardane (arctium lappa)

• Renouée amphibie (polygonum amphibium)

• Tanaisie commune (tanacetum vulgare)

• Epilobe hirsute (epilobium hirsutum)

• Epilobe des marais (epilobium palustre),

• Epilobe en épi (epilobium angustifolium)

• Laurier de saint Antoine

• Eupatoire chanvrine ou à feuilles de chanvre (eupatorium cannabinum)

• Ortie dioïque (urtica dioica)

• Ortie brûlante (urtica urens)

• Lamier blanc (lamium album)

• Nénuphars ou Nuphars jaunes (nuphar lutea)

• Nénuphar blanc (nymphaea alba), le « lys sacré des eaux » des Anciens !

 


Il complète sa liste par les arbustes et arbres suivants

 

• Saule fragile (salix fragilis)

• Aulne glutineux (alnus glutinosa)

• Eglantier (rosa canina)

• Sureau commun (sambucus nigra)

 

 

• Bouleau verruqueux (betula verrucosa)

• Saule blanc (salix alba)

• Frêne commun ou Grand frêne (fraxinus excelsior)

• Aubépine (crataegus monogyna)

• Gui (viscum album)

 


 

La salicaire commune (Lythrum salicaria) est cette grande plante qui apprécie les lieux humides, les bords de la Somme, des rieux, des étangs (comme les marais des bœufs de Camon).

 

A partir de juin, on la repère très facilement grâce à sa longue « grappe » de petites fleurs à corolle d’un beau rose pourpre portée par une longue tige et dont le feuillage pourrait ressembler à celui du saule

 

 

 

 


Un coin de pêche très apprécié...

 

On ne vous surprendra pas en vous disant que les rieux, les étangs, la Somme et l’Avre qui composent les hortillonnages sont aujourd’hui, comme ils le furent hier, un coin très apprécié des pêcheurs de poissons d’eau douce.

 

Ici, le peuplement piscicole est varié et abondant. Nous disposons d’un inventaire établi  en 1977 par P.J. Le Morvan et F. Vignon qui estimaient à l'époque le rendement à l’hectare, au double de la moyenne nationale, affirmant que nous avions là une des plus belles frayères du bassin versant de la Somme . 

Pour atténuer cet optimisme, nous devons malgré tout rappeler que l’aménagement des rives (notamment lorsque celles-ci sont en béton ou en tôle) remet en question cette situation…

Ablette

Anguille

Barbeau fluviatile

Brêrme

Brochet

Carpe

Chevaine

Epinoche

Gardon

 

Goujon

Ide mélanote

Loche d’étang

Perche

Perche goujonnière

Rotengle

Tanche

Vandoise


 

Des pêches électriques effectuées dans les rieux et les étangs (en octobre 1976) ont permis par exemple de recenser 18 espèces de poissons. Parmi les mieux représentés : l’ablette, le barbeau, la brême (abondante), la carpe (dans les étangs), le chevaine, le gardon, le goujon et le rotengle (très abondants), la tanche, le brochet, l’épinoche, la perche et … l’anguille.

 

Ci-dessous : Une brève s'aventurant dans le contre-fossé.

 

Photo B. Bréart
Photo B. Bréart

 

Dans le contre-fossé longeant la Somme, une brême fouille littéralement la vase à la recherche de sa nourriture dans les éléments en suspension..

 

En 2011 (le 20 Septembre), la Fédération de la Somme pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, dans le cadre d’un vaste programme de connaissance sur les peuplements piscicoles du département, a engagé un recensement des espèces au niveau de la confluence de l’Avre avec la Somme. L’application d’une pêche électrique a permis un nouveau décompte.

On note une assez grande diversité des espèces dans ce secteur des hortillonnages (anguille, chabot, lamproie de planer, perche, gardon rotengle, brochet, lamproie, tanche, perche soleil grémille).

 

La perche, le gardon et  l’anguille tiennent une place prédominante ; une situation particulière si nous la comparons aux recensements effectués dans les autres lieux de pêche électriques réalisés dans la Somme et ses principaux affluents.

 

 

 

Un mot sur l’anguille :

 

Jadis, il existait des pêcheurs d’anguilles dans presque chaque village de la vallée de la Somme. La pêche étant saisonnière (en automne, quand l’anguille quitte les fonds pour descendre les courants), le pêcheur avait par ailleurs un autre métier.

En parlant de métier, on peut signaler le fumeur d’anguilles qui conservait jalousement les secrets de sa fabrication pour le bonheur des gastronomes !

 


Vous souhaitez taquiner le goujon ...

 

Vous trouverez à la fédération de la Somme pour la pêche et la protection du milieu aquatique , tout ce que vous souhaiteriez savoir sur les activités de pêche dans le département et notamment dans le cours de la Somme et les nombreux étangs .

 

                                                                                                        Contact : Fédération de la Somme...  

                                                                                                       

 

  Site Web : http://www.peche80.com/     


 

Parmi les sociétés de pêche locales, signalons la plus connue et l'une des plus anciennes, "Chés cafouilleux de Camon", créée en 1936

 

Le parcours de pêche est principalement centré sur les étangs en amont de la confluence Avre - Somme.

La carte de pêche vous reviendra à 79 euros (pour les majeurs) ou 22 (pour les mineurs), et 6 euros pours les - de 12 ans; puis 32 euros pour les femmes.

Contact : Bar de La Neuville,  1 Place Dujardin à Camon  -  Tel 03.22.46.04.77

 


La chasse au gibier d'eau